Les Allemands arrivent

Dimanche 2 juillet 1944 : les Allemands arrivent

DELQUAIRE et al. rapportent (page 147) que la soirée du 1er juillet fut bien arrosée malgré l’annonce de l’attaque. Les deux sentinelles chargées de la garde au carrefour de la Croix Maubert, certainement enivrées, se réfugièrent dans la petite chapelle où elles dormirent à poings fermés toute la nuit au lieu de monter la garde. C’est le grondement de la colonne approchant qui les réveille ce dimanche matin, trop tard pour aller alerter la Trentaine. Elles n’eurent que le temps de s’enfermer dans la chapelle, en priant qu’aucun soldat ne tente de pénétrer puisqu’à nouveau, la colonne marque l’arrêt, vœu qui sera exhaussé !

5. Les Allemands attaquent

3. Les prémices de l'attaque

1. Préambule - Situation

2. Le Maquis "La Trentaine d’Issoire"

Condat, 5h du matin. François KOPRIVA, arrêté la veille à 2 km de Condat, a été retenu prisonnier jusque là. Il est embarqué dans un véhicule de la colonne. Mais laissons-le parler ainsi que les autres témoins ou acteurs :

À 5 heures, j’ai été embarqué dans un camion et toute la colonne allemande est partie de Condat en direction du Puy-de-Dôme. En passant à La Godivelle, la colonne s’est arrêtée pendant une heure environ et des motocyclistes sont partis à l’avant pour voir ce qui se passait. Lorsqu’ils ont été de retour, la colonne a repris sa marche.

François KOPRIVA

(Ortie)

11-07-1915

À 5 heures, toute la colonne allemande est partie

AD63 - Rapport 1333 (cote 908W135)

Les mêmes auteurs rapportent également (page 148) qu’un jeune paysan du Petit-Parry, André MARCHADIER, a préféré aller dormir à la belle étoile au dessus du hameau une fois informé de la menace. Tôt le matin du 2 juillet, il est réveillé par le bruit de la colonne qui progresse sur la colline d’en face. Il court au village donner l’alerte :

« Les boches arrivent ! ».

Le dimanche 2 juillet, à 7 heures, un homme arrive en courant dans la chambre où nous dormions encore et nous hurle dans les oreilles :

Rémy RICHARD

(Dick)

22-10-1922

« Les Allemands sont là ! »

Comme il n'était pas de règle de s'amuser avec de tels propos, la chose était donc sérieuse. Nous attrapons notre matériel en vitesse et nous sommes bientôt réunis sur la placette, devant la maison où loge le capitaine qui n'a pas encore paru. En face de nous, sur la crête, un convoi allemand arrive par le chemin I.C. 32. Est-ce pour nous ? Le convoi paraît bien important pour notre petite unité et pendant quelques minutes nous regardons défiler les camions (250 paraît-il, à 15 occupants par camion) accompagnés par des motocyclistes et traînant des pièces d'artillerie légère.

« Les Allemands sont là ! »

L'histoire du maquis du "Petit Parry", in La Trentaine d'Issoire

On ne discutera pas le nombre de véhicules : un autre témoin cité par DELQUAIRE et al. (page 161) en a dénombré 400, dont un tank (qui ne sera pas engagé), des automitrailleuses… ; le lieutenant Fernand RIBAUD parle lui aussi de 400 véhicules dans sa déposition pour le rapport d’Albert GRÉGOIRE. Mais 250 camions de 15 soldats dépassent déjà largement la taille de la brigade JESSER tout entière et une chose est certaine : l’ennemi est infiniment supérieur en nombre et en armement à la Trentaine d'Issoire, même renforcée des éléments extérieurs qu'elle héberge, et il faut évacuer au plus vite.

Repli de toute la Trentaine

Au moment de l’atta-que, le capitaine CHAUVEAU a donné l’ordre de ne pas combattre dans le village et a ordonné le repli de toute la Trentaine dans la vallée de Roche-Charles.

Rémy RICHARD

(Dick)

22-10-1922

L'histoire du maquis du "Petit Parry",

in La Trentaine d'Issoire

Il faut évacuer

Enfin le capitaine [CHAUVEAU] paraît, équipé d'un énorme sac tyrolien et armé jusqu'aux dents. Il faut évacuer en descen-dant dans la gorge qui est derrière le village. Et pour être sûrement compris, il montre le chemin !

Fernand RIBAUD

(Fernandez)

11-06-1900

AD63 - Rapport 1333 (cote 908W135)

Ce que confirme Rémy RICHARD non sans une pointe de sarcasme :

Le capitaine CHAUVEAU donne-t-il l’ordre de repli de toute la Trentaine ? Désobéissance ? Volontaires ou requis ?

Toujours est-il que, n’écoutant que leur courage, le lieutenant Yves LAMOURDEDIEU (Yvon) et la sizaine de sécurité de jour qu’il commande, vite renforcée par quatre autres combattants, sont restés pour protéger la retraite du reste de la Trentaine.

On ne sait pas de façon officielle qui sont les 5 de la sizaine de sécurité du jour et qui sont les 4 volontaires supplémentaires (1). Mais si on part de l’hypothèse que la sizaine était constituée de membres réguliers de la Trentaine d’Issoire, alors les 4 autres volontaires ne pouvaient être que le jeune Edgard PATURET (qui allait n’avoir que 16 ans le 28 juillet !), membre du corps francs ÉLOY, François PAGURA, membre du corps francs des Truands d'Auvergne du Commandant MAZUEL (Judex), et les aviateurs Herbert A. CAMPBELL et Garnet P. COLUMBUS (Chris), tous les quatre revenant des batailles du Mont Mouchet et de la Truyère avec le capitaine GENEIX.

(1) : On rappelle que la Sizaine (unité de base dans l'organisation de l'Armée Secrète) correspond à 5 combattants plus un chef de Sizaine.

(2) : Il s'agit de Garnet P. COLUMBUS, surnommé Chris (ou Crist) en raison de son homonymie avec Christophe COLOMB (Christopher Columbus en Anglais).

Le groupe d’arrière garde, composé de volontaires : Paul DALLANT, Claude MARRET, CAMPBELL (Américain) Crist (Canadien, seul nom connu) (2), TIXIER Jean-Marc, THÉVENIN Roger, PATURET, PAGURA François, GRANET André, était commandé par Yvon LAMOURDEDIEU (chef de dizaine).

Groupe d’arrière garde

André GRANET

(Dédou)

19-10-1924

AD63 - Rapport 1333 (cote 908W135)

Grace au témoignage d'André GRANET, on connaît donc l'exacte composition du groupe d'arrière garde.

La Dizaine assurant l'arrière-garde

Herbert A. CAMPBELL

(Herbie)

17-04-1924

Paul DALLANT

27-02-1920

Yves LAMOURDEDIEU

(Yvon)

09-11-1922

Claude MARRET

(Paul)

29-09-1924

Garnet P. COLUMBUS

(Chris)

29-12-1920

André GRANET

(Dédou)

19-10-1924

François PAGURA

(Pierrot)

19-06-1921

Edgard PATURET

(Larpette)

28-07-1928

Roger THÉVENIN

(Croquignol)

10-04-1925

Jean-Marc TIXIER

(Marco)

14-03-1922

6. Après l'attaque

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